Nightmares. Une fois encore je rêve de mon frère, cette fois-ci, c'est lui qui meurt, le visage deformé, béant comme une gueule ouverte sans machoire inférieure. Quelques secondes avant de le maintenir dans mes bras plaqué au sol, ce nétait pas mon frère, mais un loup, ou deux, dont je m'efforçais d'éloigner les gueules.
Sentiment de malaise depuis plusieurs jours, larmes timides sous la douche le matin, bâillements tristes et humides. Chaque goutte trouvée se transforme en excuse valable pour laisser venir ses soeurs salées.
Comment peut-on se sentir si vide, et en même temps faire autant de choses, de nouvelles choses. Comment peut-on se sentir si vide en commençant une presque nouvelle vie...
Mon corps se fait épileptique, passe du désir à la frustration, horrible. Sentiment de manque, de vide interne, de creux, dans le ventre, dans le dos, presque derrière mes yeux.
Je mange tous les mots que je trouve, comme substitut, les retourne dans ma tête dans tous les sens quand ils se font peu nombreux mais signifiants.
Parfois, je ferme un peu les yeux.
Oui, je pourrais faire comme il faut, prendre en main notre duo, l'inviter dans le lit, faire l'amour. Je le fais un peu, mais ça ne va pas. Je pourrais punir mon corps en le forçant a se mouvoir en gestes stéréotypés et calculés, l'épuiser a force de machines, la face rougie et les yeux brûlants de tant de calories perdues... Je pourrais faire du sport pour tromper mon corps, pour me libérer un peu d'espace là-haut. Je pourrais aussi essayer de m'oublier un peu pour changer.
Sensation de frustration pathétique qui me donne la nausée. Je ris de moi, de cette addiction travaillée à l'insatisfaction.
Je rêve de mots, de mots de tempête, de mots ruisselants, comme un avant-goût.
Je rêve d'une bouche aux lèvres fines d'homme, aux lèvres aiguisées et douces, aux joues piquantes. Je rêve d'un regard concentré, d'un rythme lent, de silence, de tendresse dans les yeux et du poids d'un bassin. D'un seul rythme, lent, posé, presque sérieux, ferme, pour me bercer, pour me libérer, pour me sortir de moi dans une sorte de transe toute douce mais sans concession.